Notre séjour au Laos est désormais fini et nous quittons les îles pour aller au Cambodge. Au milieu de nulle part, nous nous arrêtons devant deux petites cabanes faisant office de postes-frontières. Nous n’avons pas trop de soucis pour traverser hormis quelques dollars réclamés par les douaniers, et quelques heures de bus plus tard nous arrivons dans la capitale cambodgienne. Malgré sa taille immense et ses quelques 12,5 millions d’habitants, Phnom Penh est une ville très agréable. Beaucoup plus moderne que sa sœur laotienne, elle regorge d’auberges et de restaurants très sympas. Nous décidons de nous installer à la Rega guesthouse, où les propriétaires parlant français nous accueillent chaleureusement.
C’est sous une chaleur écrasante que nous commençons notre visite du Palais royal et du musée national des Beaux-arts. Ce dernier est fascinant de par sa magnifique collection d’art Khmer, provenant majoritairement du site d’Angkor.
L’après midi nous nous rendons à Tuol Sleng, le musée du Crime génocidaire, plus connu sous le nom de prison S-21. En plein centre ville de Phnom Penh, cet ancien lycée est devenu la prison la plus terrifiante du Cambodge sous le régime de Pol Pot. En effet, les Khmers rouges y enfermèrent d’avril 1975 à janvier 1979 tous les opposants supposés au régime. La prison vu passer 15 à 20 milles personnes, subissant les pires tortures avant d’être achevées dans le camp d’extermination de Choeung Ek. Sur les 20 milles victimes de Tuol Sleng seulement sept d’entre eux survécurent.
Nous prenons un guide francophone pour visiter cet ancien centre de sécurité et ce dernier nous explique qu’il a lui même vécu l’enfer du génocide perpétré par les Khmers rouges lorsqu’il était enfant. Il avait 15 ans lorsque Pol Pot prit le pouvoir et que sa famille fut évacuée de la capitale vers les campagnes cambodgiennes. Il nous explique l’horreur du travail forcé dans les champs et la misère qui s’est abattue sur son pays. Mais aussi l’abominable génocide qui a tué 3 millions de cambodgiens et a donc été proportionnellement plus important que celui des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Ses deux frères ont été torturés et tués car ils étaient considérés comme intellectuels (l’un deux était cameraman).
Lors de notre visite nous passons par les salles de tortures, ainsi que par les cellules où nous voyons toujours les taches de sang, stigmates du calvaire qu’ont dû endurer les prisonniers.
Dans la partie transformée en musée, nous longeons des murs entiers remplis de photos des prisonniers morts ou vivants. Voir tous ces témoignages et ces photos rend la visite encore plus poignante. Dur dur de rester insensible… D’autant plus que personne n’était épargné : femmes, enfants, bébés, ouvriers, intellectuels, diplomates, ainsi que quelques étrangers ont péri dans l’enfer du centre S-21. C’est donc avec une grande émotion et surtout chamboulés que nous sortons de cette ancienne prison.
Mais nous décidons tout de même de nous rendre au camp d’extermination Choeung Ek situé à 15 kms de Phnom Penh. La visite commence par un grand Stupa à la mémoire des victimes où sont exposés 8985 ossements et crânes retrouvés dans les charniers. On y apprendra que les bourreaux avaient ordre de ne pas utiliser de balles et qu’ils tuaient donc à coup de pioches, de marteaux ou de machettes. Nous passons même devant « l’arbre à tuer », le tronc de l’arbre servant à fracasser les cranes des bébés... Sur les 129 fosses communes, 86 ont été exhumées à ce jour, la plus grande contenant 450 cadavres.
Malgré une visite éprouvante, nous sommes heureux d’en savoir plus sur l’époque des Khmers rouges et de pouvoir relater à notre tour leur histoire. Nous partons désormais vers une époque plus glorieuse du pays, l’ancienne capitale Khmère : Angkor.